Nécessaire

C'est peut-être bien nécessaire, finalement, cette période de solitude. Je me le dis tout bas, il suffit de changer d'humeur, de point de vue, d'angle, pour que tout finisse par s'éclairer. Sans doute, me dis-je. J'en ai évidemment besoin pour passer à l'étape suivante. De ce calme que je remplis de sons, d'instruments et de mots tus, presque chuchotés. Sans doute, me dis-je. 

Il est arrivé ce moment où je m'affronte. Ce moment où je n'ai plus eu peur d'être moi, et ce moment aussi où je lâche l'affaire sur certains trucs auxquels je me suis accrochée mais rien n'est jamais définitif dans la vie, j'ai tendance à l'oublier parfois. Tout finit par passer, comme les vagues qui viennent effacer les inscriptions sur le sable, comme le temps qui finit par venir effacer la douleur, la colère, la déception, la tristesse. Rien ne dure vraiment, sauf ce qui est fait pour durer, comme les matières nobles, un meuble en chêne, une commode en merisier, un olivier centenaire, une amitié entre des gens qui se re-connaissent à la seconde où ils se voient. 

Oui, finalement, cette solitude, je le sens maintenant, est temporaire. Elle est même salutaire et il était temps que je m'en rende compte, car elle sera bientôt terminée et je n'en aurais pas profité. Elle sera bientôt derrière moi et je ne l'aurais pas vue passer ou presque, focalisée que j'étais à trouver des moyens pour la combattre au lieu de l'accueillir, simplement. 

Il sera bientôt temps d'aller plus loin, plus haut, de me rapprocher de ce qui est fait pour moi, loin de l'amateurisme et de ma façon agaçante de me cacher tout le temps. Oui, un jour, de tout ceci, ce sera révolu. La lumière jaillira de la porte que je pousserai et je me dirais qu'un peu de calme et de sérénité seraient les bienvenues. Alors aujourd'hui j'ai décidé de couper un petit bout de cette solitude, de ce calme et d'en faire une oasis de sérénité, où je viendrai me réfugier les jours de grand tumulte.

J'ai pensé très fort, qu'il me fallait plus de moyens pour aboutir à mon désir absolu de réussite: qu'est-ce que réussir à mes yeux le savais-je au moins tout ce temps? C'est pouvoir vivre de ma passion, l'écriture, voyager, en train le plus loin possible, sur un coup de tête, monter dans ma voiture et courir voir la mer. C'est ça pour moi, réussir ma vie: être entourée, partout dans le monde, de gens qui m'acceptent telle que je suis, d'avoir des nouvelles de temps en temps, de ceux qui comptent, de partager des moments, de discuter sous les étoiles, de marcher, nager, parler, écrire, jouer de la musique, danser et rire, entourée de livres et de joie (et de chats) 

Et comme je l'ai pensé très fort, l'univers s'est chargé de m'envoyer la réponse que j'attendais, sans que je ne m'y attende vraiment. J'avoue que j'ai été surprise. La liberté est la plus grande des valeurs pour moi, j'étouffe sans air, j'ai besoin de pouvoir "voler"quand je le souhaite au-dessus de tout, de prendre du recul, de m'évader. L'enfermement est terrifiant. C'est sans doute ce qui explique mon célibat, durable. A moins que l'alter ego ne soit comme moi épris de liberté. Mais liberté n'est pas irrespect ou indélicatesse. Liberté n'implique pas disparaître à volonté sans sécuriser l'autre. Liberté est au contraire une fenêtre, où l'on se penche pour voir l'étendue infinie des possibles, liberté est la plus grande forme d'amour qui soit, pour soi et les autres.

Enfin bref, j'avais besoin de souffler et de moyens pour le faire. Et surtout j'avais besoin de me calmer, parce qu'à force d'être seul, avec pour seule interlocutrice une chatte centenaire qui  ne répond pas quand on lui pose des questions, on finit par devenir dingue. Il devait être 16h je pense aujourd'hui, quand j'ai pensé que c'était sans doute nécessaire. Et quelques minutes plus tard, pour confirmer cette pensée j'ai reçu un message du Magicien. J'en déduis donc que lâcher prise est la seule solution viable actuellement et que se laisser porter par les événements, parfois, peut m'être salutaire. Let it be.