Family affair
Les reflexions sur la famille se bousculent régulierement dans mon esprit depuis ces dernières semaines.
Au delà du fait qu'il s'agisse du coeur de mon prochain livre, je dois quand même essayer de trouver une réponse à ces interrogations.
Née dans une famille originaire du Sud de l'Italie, j'ai de nombreux points communs avec tous ceux et celles qui ont eux aussi grandi dans ce type de famille, patriarcale, ancrée dans les traditions, pleines de principes auxquels seuls les chefs de famille pouvaient déroger, et bien sûr un sens aigu du sacrifice.
Aussi loin que je me souvienne, mon père me répétait souvent que je ne devais pas me "sacrifier", pourtant c'est bien ce que ma grand mère (sa mère) m'avait appris: les autres passent avant tout.
Aujourd'hui dans une société où l'individu revient au centre, c'est à dire, "charité bien ordonnée commence par soi-même" ces principes qui ont gouverné ma vie depuis trés longtemps ont mis du temps à partir, à se détacher de mon cerveau.
De ces principes ressort une chose simple: il faut s'effacer; Ne pas exister, se fondre dans le décor, devenir invisible consentant, ne jamais se plaindre de la réalité qui nous afflige, mais rester sur le superficiel,
Dans toutes les familles méditerranéennes on retrouve ce schéma: on ne parle pas, on ne dit rien, tout est inné, tout est évident, tout est su.
J'ai le souvenir de certains jeunes gens en Calabre, obligés d'emmener leur mère d'un bout à l'autre de la ville, car cela était de leur devoir. J'ai la mémoire de mes amies algériennes, obligées de se taire quand au contraire elles étaient dans leur droit, obligées de courber l'échine quand elles étaient victimes d'une injustice.
Aujourd'hui, alors que deux femmes entrent au Panthéon parce qu'elles ont résisté, je me pose de réelles questions sur la place que doit occuper la famille dans notre vie.
Faisons nous des enfants pour qu'un jour ils nous servent? Ou bien faisons nous des enfants pour les guider sur un chemin, les laissant prendre leur route, faisant des erreurs, et apprenant dés lors le sens de leur propre existence?
Le rôle de la famille n'est il pas de rendre ses membres HEUREUX? La famille ne doit elle pas accepter chacun de ses membres comme il est? Ne doit elle pas juste AIMER ses enfants? Ne doit elle pas se REJOUIR des moments de bonheur des siens? Ne doit elle pas coûte que coûte SOUTENIR, ENCOURAGER les siens, quelque soit la route qu'ils empruntent?
Excusez ma naïveté, je débute.....
Le rôle de la famille n'est il pas de rendre ses membres HEUREUX? La famille ne doit elle pas accepter chacun de ses membres comme il est? Ne doit elle pas juste AIMER ses enfants? Ne doit elle pas se REJOUIR des moments de bonheur des siens? Ne doit elle pas coûte que coûte SOUTENIR, ENCOURAGER les siens, quelque soit la route qu'ils empruntent?
Excusez ma naïveté, je débute.....
Mon rêve le plus cher est celui de donner la vie, de transmettre ce que j'ai appris, d'aimer un ou plusieurs je l'espère petits êtres et les amener sur le tarmac de la vie où ils pourront s'envoler.
Quelle mère serai-je , moi qui ai grandi sans elle? Aurai-je un besoin égoïste de garder mes enfants prés de moi, ou consentirai je à les laisser vivre et être? Serai je autoritaire ou au contraire laxiste?
Evidemment ces questions me travaillent alors que je ne pense qu'à eux, ces futurs amours de ma vie.
Quelles sont nos obligations vis à vis de nos familles? Doit on être présent pour elles au risque d'en oublier nos vies, comment doser la place qu'elles doivent occuper?
Comment cesser de se justifier à propos de nos vies, comment faire pour concilier le fait d'être un membre de la famille et un être humain à part entière capable de penser par soi même et d'agir en conséquence?
Il est visiblement assez difficile, surtout en tant que femme, encore en 2015, d'exister, de penser, de faire des choix, aux yeux des familles, spécifiquement de nos propres familles.
Sous prétexte que nous sommes les membres d'un même groupe nous devrions accepter d'eux les mots désobligeants et les maux affligeants? Qui érige les règles des familles? Qui peut modifier les règles injustes?
Cela rejoint une autre de mes réflexions, qui décide des fardeaux que nous devons porter? Je pense notamment aux allemands. Ce peuple qu'on m'a appris à ne pas aimer dans mes livres d'histoire, parce qu'une poignée d'ignorants barbares avait décidé de décimer le monde, combien de temps devra t il porter ce fardeau? Quelqu'un un jour va t il enfin arriver pour l'en délivrer?
Doit on payer toute sa vie pour l'erreur d'un des nôtres? Quelqu'un peut il un matin décider que cela a assez duré, et rendre à César ce qui lui appartient une bonne fois pour toutes?
Dans son livre "Ecoute ton corps", Lise Bourbeau explique que l'on choisit la famille dans laquelle on veut naître.
Ceux et celles qui pensent qu'ils ont dû être dans un berceau voisin qu'on a sans doute échangé ont donc un début de réponse, il faut seulement chercher la raison d'un tel choix, que peuvent nous apporter ces parents que nous avons choisi?
En tous cas, toutes ces questions font partie d'un cheminement, d'une réflexion, et pour y répondre je n'ai que l'exemple des poupées russes, qu'un jour de consultation mon ostéopathe a déballé sous mes yeux ébahis: après les avoir sorties une par une, il les a placées devant moi: les grosses d'abord, les petites ensuite, et toutes ces poupées se suivaient.
Les parents suivaient les enfants qui suivaient leurs enfants. Oui c'est exactement ça la place de nos familles, derrière nous, pour nous secourir si nous en avons besoin, et comme nous, elles doivent regarder devant, l'avenir, le futur, le progrès, par le passé, les traditions ancestrales, les mauvais souvenirs, les erreurs.
Notre place n'est pas face à eux, et la leur face à nous, mais bien derrière nous, nous devons AVANCER ensemble de préférence, mais en tous cas, il n'est pas question de vivre tourné vers le passé.
Ces réflexions parleront sans doute aussi à ceux et celles qui ont une famille classique, la plupart de mes amis vivant des montagnes russes d'émotions familiales se retrouveront en revanche parfaitement.
J'ai vraiment hâte de rentrer dans ce rôle, j'ai peur bien sûr, mais toutes ces heures de réflexion, ces lectures, cette loooooongue thérapie psychologique m'aideront le moment venu.
J'ai confiance en ma capacité à aimer, à élever au sens figuré mes futurs enfants, j'aimerai que cette confiance s'étende à celle plus relative, en mon destin, je ne pourrais me résoudre à ne pas devenir mère.
Pour cela pas besoin de boules de cristal ou de voyantes extralucides, je suis enfin devenue lucide moi même sur ma propre existence, j'ai confiance, j'attends.
D'ici là, j'espère avoir pu vous aider à y voir un peu plus clair dans vos family affair....et vous embrasse :)
A très vite.
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