Sagrada Familia
Je n'ai pas perdu la raison et ne m'attaque pas à l'étude de la Basilique en construction à Barcelone de Gaudi, rassurez vous.
C'est que je trouve ça extraordinaire une Basilique dont la construction a commencé en 1880 soit aujourd'hui encore en cours.
Je ne pense pas d'ailleurs que ce soit un hasard, qu'on n'ait pas encore réussi à finir une oeuvre appelée "la famille sacrée", dans un temps controversé comme le nôtre, où des gens qui prônent l'amour de l'autre en permanence, se permettent de condamner d'autres gens parce qu'ils s'aiment, à leur manière.
Non, décidément, la famille en ce moment, ça ne me plaît pas tant que ça.
Car bon sang, si on devait rester sur un modèle vieux de plus de 2000 ans, alors que depuis 2000 ans, d'autres modèles existent, qu'on le sait, mais qu'on fait comme s'ils n'existaient pas, il est temps de se transformer en banc d'autruches la tête dans le sable.
De quoi parle t on?
De cette famille, traditionnelle et tripartite, bien pensante, parfaite et extraordinaire, qui ne juge pas ses membres bien entendu, et qui instaure le dialogue?
Je ne connais pas cette famille moi.
Mes parents se sont séparés quand j'avais 5 ans, et je ne connais pas le schéma si génial et vanté par les manifestants de dimanche à Paris.
Mes frères sont issus de recompositions familiales, avec deux d'entre eux, je n'ai même pas de lien de sang.
Et alors?
Et ALORS?
Je devrai être moi aussi jugée? Parce que mes parents ont un choix et un parcours de vie différent, je devrai sortir du cadre parfait, avoir une étiquette?
Mais si pendant des années on ne pouvait même pas divorcer sous peine de poursuites pénales, et qu'aujourd'hui la case "divorcé" existe sur les formulaires, je ne vois pas pourquoi tout le monde ne pourrait pas vivre paisiblement de manière égale et EQUITABLE.
Je ne connais plus les grandes tablées, où tout le monde parle fort et s'aime comme on est, parce que dans ma famille, tout le monde a un truc à dire, et que finalement les chefs de clans ne font rien pour rassembler.
Dans ma famille, on ne vient pas comme on est.
Elle est loin d'être parfaite, certains ne se parlent pas durant des années, d'autres se jaugent et d'autres se jugent, voire les trois, ma génération a été sauvée.
Au prix de batailles et de sacrifices, de prises de tête et d'embrouilles, on réussit à être soi.
On réussit à faire comprendre qu'être différent n'est pas une forme de mépris, une forme de rébellion, ou que sais je, on réussit à s'accepter, tant bien que mal, à s'affranchir, à dépasser les préjugés.
Je n'ai jamais compris pourquoi les "adultes" n'appelaient pas les "enfants", et pourquoi c'était toujours aux enfants d'appeler leurs parents.
Je n'ai jamais compris en quoi le respect du aux anciens était supérieur à celui du à tout être humain, qui plus est dans une famille.
Qu'y a t il de plus cher? Que ceux qui nous élèvent, qui nous aiment et nous choient?
Voilà pour la partie théorique.
Heureusement Maxime Le Forestier est passé par là et tous les psychanalystes et pédo psychiatres du monde aussi pour nous rassurer sur le fait qu'on ne choisit pas sa famille, et pour nous dire que rien n'est grave si ça ne se passe pas bien, on n'est pas "obligé" sous peine de torture d'aimer tout le monde, y compris dans sa propre famille.
C'est malheureux peut être, j'en sais rien.
Aujourd'hui je ne sais plus vraiment ce qui est normal ou anormal.
Ce que je sais en revanche, c'est que j'ai hâte de fonder ma famille, d'aimer, d'écouter, de choyer, de comprendre, d'écouter encore, d'entendre, de rassurer, de soutenir, de ne pas juger, de tolérer, mes enfants.
J'attends ce jour béni, où je pourrai réparer les erreurs de ceux qui ont fait de leur mieux mais qui l'ont fait suffisamment maladroitement pour qu'aujourd'hui aucune communication ne soit possible entre les membres d'une même famille.
Les torts des uns et des autres, les éducations ancestrales comme les défaillantes, l'amour compensé à grand renfort de nourriture, et la violence des coups et des mots, tout ça n'est plus modifiable.
Et aujourd'hui, alors qu'il est si difficile d'enfanter, qu'il est si compliqué de s'écouter vraiment et de s'aimer, par orgueil et par empressement de faire des choses bien plus importantes que d'aimer....on voudrait aussi empêcher ceux qui voudraient former une famille?
Oui, en ce moment j'ai un peu la boule au ventre (et la rage disons le clairement) de voir qu'on manifeste dans la rue contre l'amour.
Je suis fatiguée de voir ces gens se battre contre ce qui est le plus beau au monde, je suis triste de voir qu'on n'est accepté nulle part comme on est, noir, blanc, beur, homo, lesbienne, rebelle, étranger, différent, percé, tatoué, au profit de notions particulièrement abjectes: rejet et haine.
On n'a pas besoin d'aller dans la rue pour rencontrer des gens au coeur sec, incapables d'aimer et de le dire, incapables d'exprimer ses sentiments parce qu'il parait que c'est une preuve de faiblesse, faibles au point de croire ces niaiseries, niais au point de ne pas voir que le bonheur est simple comme bonjour.
Je ne dis pas que j'ai été malheureuse, non je n'ai pas une famille merveilleuse, formée de gens extraordinaires qui acceptent sans aucune difficulté la différence et laissent vivre chacun de ses membres comme bon lui semble.
C'est bien parce que ma famille n'est pas "parfaite" même si elle est "conforme" qu'aujourd'hui je voudrai que tout le monde ait la chance de vivre comme tout le monde.
Je l'aime comme elle est malgré tout, malgré les différences, les non dits, les silences, les haussements de ton, les éclats de voix, les jugements, les préjugés.
Je l'aime, et je les aime tous pour ce qu'ils sont, j'ai juste peur qu'aucun d'eux, à part ceux de ma génération, ne soit vraiment heureux.
Je les aime mais je ne suis pas obligée de tout accepter, de tout prendre pour argent comptant, de suivre leurs méthodes et d'oublier qui je suis.
Et dans la Société, c'est pareil.
Je l'aime comme elle est malgré tout, malgré les différences, les non dits, les silences, les haussements de ton, les éclats de voix, les jugements, les préjugés.
Je l'aime, et je les aime tous pour ce qu'ils sont, j'ai juste peur qu'aucun d'eux, à part ceux de ma génération, ne soit vraiment heureux.
Je les aime mais je ne suis pas obligée de tout accepter, de tout prendre pour argent comptant, de suivre leurs méthodes et d'oublier qui je suis.
Et dans la Société, c'est pareil.
C'est parce que je sais que faire un choix différent de sa famille peut choquer, diviser et sans doute nous'être préjudiciable que je voudrai que chaque enfant ait la chance un jour de vivre dans un foyer tolérant.
C'est parce que je sais que les autres et surtout les nôtres ont toujours quelque chose à dire, une remarque assassine, un vieux réflexe, une façon d'être des peurs, des phobies, des craintes et des remords, c'est parce que je sais tout ça que je crois et que je veux l'égalité pour tous.
Parce que même si je suis franco italienne, hétérosexuelle, chrétienne, de gauche, trentenaire, vaccinée, dans un pays en paix, tous les jours, moi aussi on me juge, on m'interdit d'être moi, on m'empêche de parler, et on me regarde de haut.
Et il est temps que ça cesse.
Il est temps de vivre libres et égaux en droits.
Qu'il est fou l'Homme qui fait la guerre pour empêcher ses semblables d'aimer.
Commentaires
Tes mots sont tellement justes, ce tableau est tellement réel... Notre Société s'autodétruit au nom de la Défense de l'Amour, de l'Humain, et de la Normalité!! Est ce si Utopique d'imaginer un Monde sans Haine? Tant que l'Homme aura peur de ce qu'il ne connait pas et ne veut pas connaitre, l'Homme régressera !!
Love Miss L !