Terra Promessa....
Dans quelques jours je vais m'envoler vers la Corse, et juste après, je partirai rejoindre ma terre promise, ma belle Calabre.
Je voudrai faire un arrêt sur images, et vous raconter un peu, par avance, mon petit paradis...si c'était de l'audio, je vous proposerai sans doute de fermer les yeux, mais là, techniquement, ça ne va pas être simple....
A l'aéroport, la chaleur, les palmiers, les gens qui s'affairent tout autour, me diront dans ma langue natale que je suis bien arrivée à la maison.
Ma cousine Manuela, avec qui j'ai passé des heures à discuter sur Tête de Livre durant l'année, sera certainement au rendez vous, souriante, et aimante, discrètement émue, mais nous serons folles de joie de nous voir.
Nous roulerons, le long de la mer, fenêtres ouvertes, cheveux au vent, qui sera bien entendu chaud, c'est une région assez portée sur le soleil et la chaleur....
A chaque kilomètre, mes yeux se ré habitueront à ces lieux si familiers, je verrai les panneaux indiquant les différents villages que nous traverserons, jusqu'à arriver au village natal de mon père, Falerna.
Je sais que je trouverai ma tante, sur son balcon, attendant notre arrivée, "un caffettino Laurè", me proposera t elle pour m'accueillir.
Sur ce balcon face à la mer, que je connais si bien, je verrai les flots thyrénéens onduler doucement, dans ces cas là on dit que la mer ressemble à une table "na tavola".
Le soir, nous irons sur le lungo mare, la promenade du bord de mer, qui à Farlerna a été entièrement repensée depuis que j'y allais les premiers temps, en bordure de la plage, prés de la route, où s'étendent des kilomètres de cafés, de jeux, d'ambiance festive.
La nuit, cette promenade est une institution.
On s'apprête, on se fait beau, pour parcourir ces centaines de mètres, tout doucement, plusieurs fois dans la même soirée, rencontrant des gens, s'arrêtant au milieu du passage pour discuter, on parle beaucoup en Italie, de tout de rien, de choses intéressantes de choses futiles, mais on garde toujours le contact.
Peut être que s'improvisera une partie de "billardino" au milieu des gens, où les filles tiennent ensemble et mettent toujours la raclée aux garçons qui semblent tout droit sortis des films de Fellini.
Une glace au galak, al Bar Vittoria, institutionnellement la gelateria où tout le monde s'arrête depuis toujours.
Le lendemain, tard dans la matinée, nous nous lèverons alors que le soleil aura déjà réchauffé la terrasse, j'irai peut être voir ma famille au village, tout en haut de la colline, où un quartier entier est composé d'amis et de famille, appelé "campodorato", qu'on peut traduire comme "champ doré", rien que pour ça, j'adore ce lieu....
Je verrais mes tantes, mes cousins, mes cousines, à chaque maison, on me posera les mêmes cinq questions:
- Ehiiiiiiiiii Laurè, ma quando sei arrivata? (Quand es tu arrivée?)
- E quanto stai? (Combien de temps restes tu?)
- Quando te ne vai? (Quand repars tu?)
- Ma ti si sposata? (Mais tu t'es mariée?)
- Ti viu na picca ingrassata no? (Tu as un peu grossi non?)
Je ne m'offusque pas, c'est la tradition, ces cinq questions sont un passage obligé, qui détend tout le monde.
Mais il y en a d'autres:
- Allura, chi si dice? (Alors quoi de neuf?)
- Ma da sula si venuta? (Tu es venue toute seule?)
- Pattrita vene? (Ton père va venir?)
- E nannata cum'é? (Ta grand mère va bien?)
- E Nonno Antonio? (Et ton grand père?)
- Al lavoro tutto ok? (Ton boulot ça va?)
- Mangiati na cusiccedda (manges un petit truc)
Bref, un régal!
J'irai jusqu'à la supérette de mon cousin Ferdinando, la mitica simpatia Crai, où air conditionné, musique et rayons parfaitement alignés accueillent les clients tous les jours sauf le lundi au village, ce qui fait plaisir à tout le monde.
Tout doucement, j'avancerai dans les rayons des gâteaux et des pâtes, pour atteindre le fond du magasin la Salumeria, où se cache le mythique Rinaldo, mon ami, mon cousin, mon soleil!
Il aura sans doute cette expression que j'adore quand j'arrive, l'étonnement et la joie, je suis fan de mon couz!
On s'accoudera sur le rayon produits frais pour papoter, et sans doute changerons nous de place pour s'appuyer sur les congélateurs de glaces et crèmes glacées.
Rinaldo, qui a toujours envie de changer de boulot mais qui n'a pas bougé d'un millimètre, derrière son comptoir, toujours souriant et amusant, toujours à servir les gens avec une petite plaisanterie pour chacun.
Ferdinando, à la caisse, me dira que les affaires ne vont pas trés bien, mais qu'on ne peut rien y faire, il faut bien travailler.
Il me posera les questions ci dessus indiquées, me demandera où je suis ces jours ci, me dira que ma tante (sa maman) est chez elle, et j'irai jusque là pour saluer ma tante.
Je les saluerai tous, passerai un peu de temps chez les uns, chez les autres, promettant de revenir, espérant pouvoir le faire.
All'uliveto, tout en haut de la rue, j'essaierai de croiser ma grande amie de coeur, Katia, qui a repris le bar restaurant de ses parents en gestion.
Diplômée d'une thèse en conservation des biens culturels, elle ne trouve pas dans sa région de travail à hauteur de son savoir faire, blondinette dans une région plutôt tendance brun foncé, elle a dans le bleu de son iris la sincérité et la détermination d'une vraie calabraise!
Au coeur du village de Nocera Terinese, se trouve ma cousine Milena, et sa maman, Milena vit à Milan, mais revient régulièrement surtout l'été, au village où tout le monde se retrouve.
Avec elle nous discuterons des heures de ses voyages, de sa vie Milanaise, nous échangerons sur les livres, les films, et tout ce que nous faisons toute l'année, bien que grâce à Tête de Livre nous maintenons toujours le lien intact.
Nous irons sans doute à la plage, je reverrai aussi Francesco, Walter, Piero, mes cousins et cousines que j'ai quittés l'an dernier, et surtout, Pietro et Roberta, leur petite fille Francesca a maintenant bientôt 8 mois, et que j'ai hâte de voir et de tenir dans mes bras.
Et ce chemin, cette route en lacets à flanc de colline, ces repas joyeux où tout est délicieux, cette douceur de vivre où le temps semble s'arrêter, ces heures à discuter en regardant les étoiles, les glaces qui s'empilent, la bibita al caffé, il caffettino e la granita, il cornetto, la passeggiata, une, deux trois, jusqu'au dernier jour, ce bonheur qui n'en finit plus, les photos d'identité dans les arrières boutiques des épiceries, les enfants qui jouent dans la poussière, les sourires et la joie.
Je ne sais pas si ce que j'aime, c'est la région, que j'ai sillonné l'an dernier, ou le fait que loin de ce qui me stresse, je suis enfin moi même, à part entière, comme si les deux parties de moi se réunissaient à chaque fois que je ferme les verrous de la porte direction l'aéroport.
S'asseoir les uns prés des autres, juste pour le plaisir d'être ensemble, sans se soucier de tout le reste, et bien sûr en version originale dans la langue de ma naissance.....
Je n'imagine pas perdre une seconde de soleil du haut des collines, des oliviers à perte de vue, de senteurs, de parfums, de bonheurs anodins, je suis vraiment amoureuse de cet endroit qui fait partie de moi.
Ce sont grâce aux trésors dont je viens par exemple de vous parler, que nos personnalités et nos vies évoluent, et se révèlent uniques.
Une bouffée d'air chaud, pour retrouver "lo slancio", celui qui fait avancer, celui qui permet de tenir bon dans la parenthèse qui s'étend de mon départ à mon retour sur ma terre promise.....
Comme quoi certaines histoires d'amour durent toujours......il n'y a pas que les humains qu'on peut aimer à la folie, il y a les endroits magiques aussi.....
Bacioni!
Commentaires
La douceur des rayons du soleil me caresse déjà la peau...
bon voyage Laura!
J'attends au moins 1 carte postale (minimum syndical non négociable)!
j'adore les cartes postales!